Journal de bord de Josiane d’Inde : 41ème jour de captivité

J’y étais presque ! Une opportunité extraordinaire s’est offerte à moi ce matin et puis mes espoirs se sont effondrés. Je reprends le récit de mon affreuse déconvenue :

Ce matin, aux aurores, comme à son habitude, mon humaine tortionnaire m’a apporté mon délicieux petit-déjeuner : des granulés de toutes les couleurs saupoudrées de délicates touffes de foin qui me font frétiller les moustaches. Elle était accompagnée de sa tonitruante mini-humaine. Celle-ci a tout d’une tornade, elle arrive toujours à grand bruit, sautillant en tout sens, faisant trembler mon appartement. Elle est très agaçante mais elle sait également très bien gratter le dos et le cou, surtout derrière les oreilles.  

La dénommée Luce s’est désignée servante et m’a elle-même présenté mon repas, s’attardant quelque peu pour me grattouiller. Et puis, comme si une mouche l’avait piquée, elle s’est relevée, a tourné les talons et s’est échappée en bondissant lourdement, oubliant de refermer le toit de la cage. Je n’en croyais pas mes yeux, la liberté était à portée de pattes, j’en ai même sautillé de plaisir deux fois. Il ne me restait plus qu’à bondir et ainsi passer par le trou pour atterrir en souplesse sur le sol. J’ai décidé d’œuvrer en deux étapes :
– Étape 1 : Manger mon p’tit déj car c’est important de bien se nourrir en toute circonstance. 
– Étape 2 : M’échauffer et sauter de plus en plus haut jusqu’à atteindre le toit.

C’était facile, c’était malin, c’était la réussite assurée. 

Je me suis donc attelée à l’étape 1 et j’ai grignoté ces fabuleuses granules aux couleurs chatoyantes. Mais avant que j’ai pu finir, j’ai senti une ombre envahir mon appartement et j’ai perçu une présence derrière moi. Lentement, j’ai tourné la tête et là, je l’ai vu : Zeus, le chat qui se la pète. Il m’a regardée, a cligné des yeux et s’est enroulé dans mon tas de foin, juste sous l’ouverture. Il a ainsi démarré la sieste la plus longue de sa vie. J’ai donc été spectatrice de cet animal indésirable et effrayant (il faut bien le dire) pendant toute la journée. Je l’ai observé depuis le fond de ma cabane, m’efforçant de manger le moins bruyamment possible pour ne pas attirer son attention.

J’ai gardé l’espoir qu’il s’en aille de lui-même, hélas il est resté jusqu’à retour de Luce le soir. Elle l’a fait discrètement sortir, s’est assurée que j’étais vivante et a refermé la cage. Je hais les chats, mais celui-là encore plus que les autres.

Bon sang, sans lui, je serais déjà en train de courir dans la mimolette !

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