Journal de bord de Josiane d’Inde – 47ème jour de captivité

Hier, j’ai cru voir ma dernière heure arriver. Je somnolais tranquillement bien au chaud dans la jolie maisonnette installée dans ma prison quand, soudain, la petite fille zinzin a fait irruption dans ma chambre. Elle s’est approchée de la cage en susurrant des mots qu’elle devait imaginer apaisants. Mais il n’en était rien, ils n’avaient rien d’apaisants : d’abord, je ne comprends pas l’humain, ils font «gnagnagna», ça veut rien dire, et, en plus, cette enfant est tellement secouée qu’elle me glace le sang. Ensuite, elle a ouvert la grille du toit et avec ses grosses mains pleines de sucre, de bave, de peinture et de je ne sais quoi encore, elle m’a attrapée. Je me suis débattue bien sûr, mais ça n’a servi à rien. Elle m’a emportée dans les airs, déterminée à user de moi comme d’un jouet : horreur ! Je me suis retrouvée dans une nouvelle pièce de leur cabane gigantesque, posée dans une sorte de cuve dure et froide dans laquelle je ne pouvais pas faire un pas sans me taper le menton par terre tellement c’était glissant.
Et tout à coup, un bruit infernal suivi d’une arrivée soudaine d’eau me fit basculer en enfer. Un déluge s’abattait sur moi, c’était sans aucun doute le début de la fin du monde. Toutefois, l’attitude joyeuse de la petite fille me mit le doute. Elle n’avait pas peur et, mieux, elle riait en prononçant des «gnagnagna» exaltés. Loin de vouloir m’épargner, elle s’approcha de moi avec une matière à l’odeur infecte dont elle a commencé à me tartiner le dos. En moins de temps qu’il faut pour le dire, je me suis retrouvée trempée, mousseuse et puante. J’ai bien cru que j’allais me dissoudre. Heureusement il n’en fut rien, mais une tempête tropicale sortie d’un tuyau étrange s’est abattue sur mon dos et la mousse a glissé dans des trous un peu plus loin. J’ai voulu saisir ma chance et je me suis précipitée en m’étalant à chaque pas : avec un peu de chance je pouvais quitter ce lieu de torture et suivre la mousse. Mais il était écrit que ce jour ne serait pas celui de mon évasion : l’enfant m’a saisie et roulée dans une serviette pour m’infliger le supplice de la coiffure. Ça a duré tellement longtemps, j’ai perdu tellement de poils…j’étais au bout du rouleau !
J’ai fini cette détestable journée bien au chaud dans un nid douillet que la petite fille m’avait préparé certainement pour tenter de se faire pardonner. 
Mais elle peut toujours courir ! Je reprends des forces, je prends le temps de rétablir mon odeur d’origine et je prépare un nouveau plan pour quitter cette maison de dingos !

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